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Vers une Paix Durable en Corée ?

Vers une Paix Durable en Corée ?


« Nous sommes à l’ère atomique et nous sommes un pays qui peut être détruit à tout instant. A moins que l’agresseur ne soit détourné de l’attaque par la certitude qu’il subira lui aussi des destructions épouvantables. » 
Cette citation n’est pas due à Kim Jong-il ou à Kim Jong-un. Elle a été prononcée par Charles de Gaulle, président de la République française, lors d’une conférence de presse donnée le 14 janvier 1963. Elle résume pourtant la posture dissuasive adoptée par la République populaire démocratique de Corée pendant la crise qui secoue la péninsule coréenne en ce début d’année 2013.

Rappelons la chronologie de la crise actuelle :

Le 12 décembre 2012, la République populaire démocratique de Corée lance la fusée Unha-3 qui met en orbite le satellite à usage civil Kwangmyongsong-3.

Le 22 janvier 2013, suite au lancement du 12 décembre, le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 2087 qui alourdit les sanctions contre la RPD de Corée, laquelle accède ainsi à un triple « privilège » : la RPDC devient à la fois la dixième puissance spatiale, le pays le plus sanctionné du monde et le premier pays à être sanctionné pour son programme d’exploration de l’espace ! Une semaine plus tard, la Corée du Sud lance sa propre fusée, sans s’attirer les mêmes foudres, donnant une nouvelle actualité à ce qu’écrivait Jean de la Fontaine au 17ème siècle : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »

Le 13 février 2013, en réaction à l’hostilité perçue des Etats-Unis et de leurs alliés, la RPD de Corée procède à son troisième essai nucléaire.

Le 1er mars 2013, les armées américaine et sud-coréenne commencent leur exercices conjoints annuels « Foal Eagle », d’une durée de deux mois et mobilisant notamment 210 000 soldats, un porte-avions nucléaire, des bombardiers B-52 et des chasseurs furtifs F-22.

Le 7 mars 2013, suite à l’essai nucléaire du 13 février, le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 2094 qui alourdit encore les sanctions contre la RPD de Corée.

Le 11 mars 2013, les armées américaine et sud-coréenne commencent leurs exercices conjoints annuels « Key Resolve », d’une durée de dix jours, menés parallèlement aux exercices « Foal Eagle » et mobilisant 13 500 soldats.

Ajoutons à cela la signature, le 24 mars, d’un « plan combiné contre les provocations nord-coréennes », entrant en vigueur immédiatement, par le commandant des forces américaines en Corée et le chef d’état-major sud-coréen, et l’arrivée en Corée, le 28 mars 2013, de deux bombardiers américains furtifs B-2 qui procèdent à des exercices de bombardement.

Cela ranime de mauvais souvenirs chez les Coréens du Nord qui considèrent, à juste titre, que leur pays peut « être détruit à tout instant ».

Selon l’historien américain Bruce Cumings, à la fin de la guerre de Corée, l’évaluation des dégâts provoqués les bombardements de l’US Air Force révéla que sur les 22 villes principales de Corée du Nord, 18 avaient été au moins à moitié anéanties. Toujours d’après Cumings, un journaliste britannique décrivit l’un des milliers de villages anéantis comme « un monticule étendu de cendres violettes ». Le général William Dean, qui fut capturé après la bataille de Taejon, en juillet 1950, et emmené au Nord, déclara par la suite qu’il ne restait de la plupart des villes et des villages qu’il vit que« des gravats ou des ruines couvertes de neige ». Tous les Coréens qu’il rencontra, ou presque, avaient perdu un parent dans un bombardement. Même Winston Churchill s’émut et déclara que, lorsque le napalm fut inventé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, personne n’imaginait qu’on en « aspergerait » toute une population civile.

Le 27 juillet 1953, les combats de la guerre de Corée ont pris fin avec la signature d’un armistice, lequel ne constitue qu’un cessez-le-feu. La péninsule coréenne est donc techniquement en état de guerre depuis soixante ans.

La force de dissuasion nucléaire nord-coréenne doit donc être considérée comme une conséquence, non une cause, de l’absence de paix en Corée, et la « question nucléaire nord-coréenne » ne trouvera de solution « complète, irréversible et vérifiable » qu’après la conclusion d’un traité de paix entre les signataires de l’accord d’armistice de 1953 : les  États-Unis et la Corée du Nord, la Corée du Sud ayant refusé de  signer l’accord.

Comment établir une paix durable en Corée 
L’instauration d’une paix durable en Corée passe par la normalisation des relations et un pacte de non-agression entre la RPD de Corée et les Etats-Unis.

La RPDC et les Etats-Unis doivent commencer par modifier ou abroger les lois nationales qui désignent l’autre partie comme un pays ennemi. Force est de constater que, dans le domaine des lois hostiles à l’autre partie, les Etats-Unis ont une longueur d’avance avec, par exemple, la « loi sur le commerce avec l’ennemi ».

Les Etats-Unis ont commencé à appliquer la « loi sur le commerce avec l’ennemi » à la RPDC à partir de décembre 1950. Quelques jours plus tard, le département du Trésor américain a publié des règles de contrôle des avoirs étrangers afin d’interdire toute transaction financière impliquant, ou pour le compte de, la RPDC. Le 26 juin 2008, le président des Etats-Unis George W. Bush a pris des mesures pour lever l’application de la « loi sur le commerce avec l’ennemi » à la RPDC, suivant l’accord conclu aux pourparlers à six pays sur le nucléaire nord-coréen. Cependant, le même jour, Bush a déclaré l’état d’urgence, affirmant que les matériaux fissiles à usage militaire en possession de la RPDC constituaient une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité des Etats-Unis et que d’autres clauses des sanctions à l’égard de la RPDC devraient être maintenues en vigueur selon les conditions de la « loi sur les pouvoirs économiques en cas d’urgence internationale » et de la « loi sur les situations d’urgence nationale ». Cela signifiait que tous les biens et intérêts de la RPDC restaient bloqués et que les nationaux des Etats-Unis n’étaient toujours pas autorisés à enregistrer, posséder, louer, exploiter ou assurer un navire battant pavillon de la RPDC. L’efficacité de ces mesures a été renforcée et étendue chaque année par le président Barack Obama qui a signé pour cela deux ordres exécutifs en 2010 et 2011. 

Cela signifie que la « loi sur le commerce avec l’ennemi », qui théoriquement ne s’applique plus à la RPDC, restent en réalité en vigueur sous un nom différent.

Parmi les autres mesures à prendre par la RPDC et les Etats-Unis pour normaliser leurs relations :

s’abstenir de recourir ou de menacer de recourir à tout type de force contre l’autre partie quelles que soient les circonstances ;

reconnaître et respecter la souveraineté de l’autre partie et ne pas s’ingérer dans ses affaires intérieures ;
s’engager à régler les différends par la voie du dialogue et de la négociation, sur la base de l’égalité et de la justice…

Ce n’est qu’une fois la confiance mutuelle établie que, suivant le principe « action pour action», la RPDC pourrait envisager de démanteler ses armes nucléaires en même temps que les Etats-Unis procèdent au retrait de leurs forces militaires stationnées en Corée du Sud.

Même si elle n’a pas signé l’accord d’armistice de 1953, la Corée du Sud doit être partie au traité de paix.

La Corée du Sud et la Corée du Nord doivent s’engager à ne pas pas conclure d’alliances militaires, à ne pas participer à des alliances militaires multilatérales, à dissoudre les alliances militaires existantes et à abroger tous les traités ou accords qui s’y rapportent. 

Cela suppose le retrait des forces militaires étrangères de la péninsule coréenne, et l’évacuation des bases militaires étrangères qui s’y trouvent.

Le but de ces dispositions est d’empêcher l’ingérence de puissances étrangères dans les relations intercoréennes pour que les Corée du Nord et du Sud parviennent à la réunification de la péninsule coréenne par la voie d’un accord mutuel, conformément au Communiqué conjoint du 4 juillet 1972, à l’Accord de base Nord-Sud du 13 décembre 1991, à la Déclaration commune du 15 juin 2000, et à la Déclaration pour le développement des rapports Nord-Sud, la paix et la prospérité du 4 octobre 2007.
… et pourquoi la paix coûtera cher
Tout cela se heurte de manière frontale aux nouvelles orientations stratégiques de la défense des Etats-Unis, rendues publiques en janvier 2012 dans le « Defense Strategic Guidance » sous-titré « Sustaining US Global Leadership » (« Soutenir la direction américaine du monde »). 

On peut y lire notamment ceci :

« Les intérêts économiques et sécuritaires des Etats-Unis sont inextricablement liés aux développements dans l’arc s’étendant de l’ouest du Pacifique et de l’Asie de l’Est à la région de l’Océan Indien et à l’Asie du Sud, créant un mélange de défis et d’opportunités en évolution. En conséquence, alors que l’armée des États-Unis continuera à contribuer à la sécurité au niveau mondial, nous rééquilibrerons par nécessité [nos efforts] vers la zone Asie-Pacifique. » [la dernière partie est soulignée dans le document origninal]

Les Etats-Unis aspirent à la suprématie mondiale et cette suprématie passe par le contrôle de l’Eurasie, ce « supercontinent dans l’axe du monde » (Zbigniew Brzezinski) dont la partie orientale constitue désormais la priorité affichée de l’armée américaine. 

Pour les Etats-Unis, dont la puissance est basée sur le contrôle des voies maritimes, une perte d’influence en Asie de l’Est, une région dont ils sont de plus en plus dépendants, représente un risque insupportable et la péninsule coréenne est une des clés du contrôle de l’Asie orientale.

Une Corée en paix, a fortiori réunifiée, avec le départ des troupes étrangères de la péninsule coréenne, représente un risque géopolitique majeur pour une superpuissance américaine cherchant à maintenir son leadership en Asie et dans le monde.

L’établissement d’une paix durable en Corée dépendra donc du prix à payer pour que les Etats-Unis renoncent à leur ambition de domination globale. Et le prix devrait être élevé.

Patrick Kuentzmann
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