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La crise de l’euro et de la « mauvaise Europe » analysée à l’aune de l’Amérique Latine

La crise de l’euro et de la  « mauvaise Europe »
analysée à l’aune de l’Amérique Latine 

 

Rémy HERRERA

 

Introduction

 

Nous nous trouvons à un moment historique extrêmement important, dans la mesure où l’aggravation de la crise actuelle pourrait conduire à un effondrement du système capitaliste. Les risques et les dangers que comporte l’époque présente sont immenses, mais les espaces ouverts pour la remobilisation des travailleurs et la reconstruction d’alternatives radicales sont également très nombreux.
Comme on le sait, l’Amérique latine est depuis plus d’une décennie de nouveau debout ; et les révoltes populaires survenues récemment dans les pays du monde arabo-musulman ont démontré que les résistances déterminées peuvent mettre en question l’ordre établi.
En Europe, face à la crise actuelle, et après plusieurs décennies de manque de combativité de certaines organisations partisanes et syndicales de travailleurs, le temps est venu pour les forces progressistes de se réveiller, de passer à l’offensive et de formuler des propositions pour une gauche radicale et internationaliste, orientées vers l’engagement de processus de transitions socialistes et de régionalisations placées au service des travailleurs et des peuples.

 

I. La crise systémique

 

La crise actuelle s’analyse comme une crise de suraccumulation du capital, découlant de l’anarchie de la production et conduisant à une pression à la baisse tendancielle du taux de profit quand les contre-tendances – y compris celle liée aux profits financiers – viennent à s’épuiser. La concentration extrême des richesses tend à exclure une proportion toujours plus grande de la population de la possibilité d’acheter des biens produits.
Au lieu d’avoir affaire à une surproduction standard, cette suraccumulation se réalise de plus en plus, notamment grâce l’essor du système du crédit, sous des formes de capital-argent toujours plus abstraites, ou capital fictif. Pour parvenir à relancer un cycle d’expansion au centre du système mondial, la crise que nous vivons devrait détruire des montants absolument gigantesques de capital fictif et parasitaire ; mais les contradictions du système capitaliste sont aujourd’hui devenues si profondes et difficiles à résoudre qu’une telle dévalorisation risquerait de le pousser vers un effondrement.
Les solutions anticrise orthodoxes, néo-libérales qui sont actuellement proposées (ou imposées) pour sauver le système et tenter de relancer la croissance sont de fausses solutions, ou des solutions absurdes ; elles ne feront qu’aggraver la crise et précipiter plus vite encore le système vers le gouffre. Elles favorisent en fait partout la montée de l’extrême-droite anti-sociale, raciste, pro-systémique et complice de la droite au pouvoir et garante en dernier ressort de l’ordre capitaliste.

 

II. La crise de la zone euro

 

Dans ce contexte, la crise de la zone euro doit être comprise comme liée aux fondements mêmes du processus de la construction européenne réellement existant. Car une monnaie unique européenne a été créée sans Etat européen, ni même qu’une Europe politique n’existe véritablement. Il y a donc une erreur originaire dans cette Europe qui prétend faire converger des économies extrêmement différentes sans renforcement des institutions politiques ni promotion d’une harmonisation sociale par le haut.
Nous devons rejeter avec fermeté cette « mauvaise Europe », tournée contre les peuples. Mais nous ne devons pas nous faire d’illusion non plus en écoutant les discours de ce que l’on appelle encore la « gauche » (dite social-démocrate, en fait social-libérale) sur l’idée d’un nouveau « compromis keynésien ». Ce keynésianisme n’a ni réalité, ni futur. Car le monde a complètement changé ; la haute finance a repris le pouvoir et ce sont les oligopoles bancaires et financiers qui dominent.
L’heure est venue aujourd’hui d’une rupture systémique, et anti-capitaliste. Il est temps d’ouvrir un débat sérieux sur la pertinence, pour certains pays – surtout pour les pays du Sud de l’Europe – de sortie de l’euro politiquement contrôlées et maîtrisées démocratiquement, selon des modalités tolérant des divergences de méthode et de calendrier. L’austérité qui est annoncée n’est pas une solution acceptable pour les travailleurs. Les plans d’ajustement qui sont imposés ne servent pas les intérêts des peuples européens.
L’heure est à la réappropriation de la souveraineté nationale – notamment monétaire – pour ouvrir d’indispensables marges de manœuvre pour réorienter enfin l’Europe vers un projet social post-capitaliste. Les décisions à prendre sont difficiles, tout spécialement lorsqu’il y a des déficits budgétaires importants et des risques de fuites de capitaux ; mais elles sont possibles, et surtout nécessaires.
Le cas échéant, la sortie de la zone euro devrait s’accompagner de dévaluations des monnaies nationales (ou d’une nouvelle monnaie commune), de contrôle des changes (surtout sur les flux financiers), d’une redéfinition complète du rôle politique de la Banque centrale, de la nationalisation de larges pans du système bancaire, de la prise de contrôle par l’Etat sur les secteurs stratégiques de l’économie nationale, mais aussi de décision d’annulation de dettes publiques… Toutes ces mesures devraient être prises ensemble, pour assurer leur cohérence et leur efficacité.
Et cette nouvelle Europe, sociale et démocratique, devra être aussi par définition même anti-impérialiste et tourner le dos à la stratégie de guerres impérialistes menées contre le Sud par l’OTAN – sous commandement états-unien –, dans le mesure où un risque porté par la crise actuelle est précisément l’accentuation de la confrontation entre le Nord et le Sud du système mondial capitaliste. D’où la nécessaire décision de sortir de l’OTAN.

 

III. Les leçons à tirer de l’Amérique latine

 

 La sortie de l’euro sera extrêmement dure pour certains pays – comme la Grèce, en particulier. Ce serait mentir de dire que ce sera facile et sans difficultés. Mais c’est mentir aussi de dire que cette voie de rupture serait nécessairement condamnée à la catastrophe.
D’abord, parce que des pays européens ayant des économies importantes ne sont pas dans la zone euro – comme, par exemple, le Royaume-Uni, où ne règne pas le chaos. Ensuite, parce que certains des pays ayant été frappé le plus violemment par la crise sont en voie de récupération en dehors de l’euro – comme l’Islande, entre autres. Enfin, parce que des pays ont rompu avec les dogmes anti-sociaux et anti-démocratiques, du système monétaire et financier international sans que cela ne provoque chez eux le chaos. Au contraire, cela leur a permis de se redresser.
La reconquête de la souveraineté nationale et le rejet des diktats des marchés financiers ont en effet permis de se sortir de situations économiques absolument catastrophiques causées par les règles de fonctionnement du système mondial capitaliste. Pensons ici au processus de dédollarisation à Cuba ; ou à la prise de distance de la République bolivarienne du Venezuela vis-à-vis du FMI ; ou encore à la création de Bancosur et de Sucre, incluant des pays de l’ALBA (comme la Bolivie) et d’autres (y compris le Brésil).
Mais nous pouvons aussi citer des pays à gouvernements beaucoup moins radicaux, comme l’Argentine, laquelle s’était déclarée en cessation de paiements à la fin de l’année 2001, et qui a – après une année difficile en 2002 –, vite renoué avec la croissance, sans être isolé dans les échanges mondiaux. La cessation de paiements, la dévaluation de la monnaie et un plan de conversion de la dette sont des mesures qui ont permis de sauver le pays.
Peut-être que ce serait plus dur pour des petits pays européens comme la Grèce (ou le Portugal), qui a une base productive et exportatrice beaucoup plus faible que celle de l’Argentine (appuyée sur l’agro-industrie et l’énergie) ; mais ce ne serait certainement pas « la fin du monde », comme l’annoncent les médias dominants.
Ce fut précisément la réappropriation de mesures politiques volontaristes qui permit la sortie de la catastrophe économique. Exactamente comme ce fut le cas en Malaysie après la crise asiatique, lorsque le gouvernement décida de s’opposer au FMI, et sortit le pays de la situation de crise dans laquelle il était plongé. Suivre les dogmeas néo-liberaux est le meilleur moyen de se condamner à la catastrophe.
Pensons aussi à l’Equateur, qui a engagé un audit de la dette permettant de dénoncer des dettes dites « odieuses » (c’est-à-dire illégales et/ou illégitimes) ; ce qui a finalement conduit à l’annulation d’un tiers de la dette extérieure publique du pays, sans catastrophe aucune. Tout au contraire, cela a dégagé de nouvelles ressources pour les politiques sociales et les infrastructures.

 

Conclusion

 

 Pourquoi pas nous ? Pourquoi la réouverture de marges de manœuvre ne serait-elle pas possible pour nous, Européens ? Pourquoi la perspective du progrès social et de la participation populaire nous serait-elle fermée ? Les situations sont différentes d’un continent à l’autre, mais les avancées sociales pour nous aussi sont possibles.
 C’est un autre capitalisme qui n’est pas possible. Un capitalisme à visage humain n’existe plus. Les caractéristiques de ce système sont désormais principalement négatives et destructrices. Il n’y a rien à attendre d’autre du système capitaliste que l’aggravation de l’exploitation du travail et la destruction écologique.
 Le système capitaliste est en train de mourir. Et ce qui est certain, c’est que les peuples ne veulent pas mourir avec lui.

 

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