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Nécessité et Méthodologie du Système de Protection de la Paix dans la Péninsule Coréenne

Nécessité et Méthodologie du Système de Protection de la Paix dans la Péninsule Coréenne 


Mesdames et Messieurs,

Quel intérêt porte-t-on, en France, à cette lointaine péninsule coréenne aux antipodes de notre territoire et de notre culture ? On en reçoit des voitures, garanties 7 ans, des ordinateurs, sans trop vouloir savoir où et dans quelles conditions tout cela est fabriqué et… – ce qui est plus dérangeant – on perçoit à nouveau l’écho de bruits de bottes et des rumeurs de menace thermonucléaire qui pourrait anéantir 70% de la population mondiale !

Est-ce suffisant pour que l’opinion s’en inquiète et réalise que ce “pays du matin calme”, avec ses ressources convoitées, est en fait au carrefour des intérêts géostratégiques et économiques de la Chine, des Etats-Unis, de la Russie et du Japon, bref des grandes puissances ?

Au cœur de la Corée, sous l’égide de l’ONU, les horreurs de la deuxième guerre mondiale ont été soldées par l’installation d’une fracture profonde : Deux Etats, deux régimes, deux survivances de la guerre des blocs, deux Corées, alors qu’il n’y a qu’un seul peuple, de part et d’autre d’une zone démilitarisée, qui aspire, depuis 60 ans, à retrouver l’exercice harmonieux et bien légitime de sa “coréanité”. Pourquoi des familles séparées, le droit primordial de se déplacer librement et de se soutenir mutuellement refusé à tout un peuple naturellement uni ?

La réunification pacifique était à l’horizon de l’Armistice de Pan Mun Jeom du 27 juillet 1953, sous le contrôle d’une Commission militaire et d’une Commission de supervision par les pays neutres. Ces deux Commissions ont été supprimées et deux Articles décisifs de rétablissement de la paix n’ont pas été respectés par les Etats-Unis :

∙ l’article 4-60 de retrait des bases militaires étrangères, violé par l’Accord de défense mutuelle du 8 août 1953 avec la Corée du Sud,
∙ l’article 2-13 (d) contre l’introduction en Corée des avions de combat, des armes et des munitions, dénoncé unilatéralement, le 21 juin 1957 : la Corée du Sud est ainsi devenue la plus grande base militaire nucléaire d’avant- poste et la poudrière nucléaire de l’Etrême-Orient, les Etats-Unis y installant plus de 1 000 armes nucléaires ainsi que de gros armements modernes. Aujourd’hui, ce sont les bombardiers furtifs B2 et les B52 (de sinistre mémoire au Viêt Nam), les sous-marins de classe Ohio équipés d’armes nucléaires, les destroyers de défense anti-missiles, qui rappellent à Pyangyang de courber l’échine car la réponse nucléaire est toute prête.
Et pourtant, la Corée a bien le droit d’être un Etat-Nation, libre, démocratique et prospère. Ce droit de “vivre ensemble“, inclus dans la Charte des Nations-Unis est apparemment tout simple… mais tellement compliqué à rétablir après une fracture si durablement négligée !

Au lieu d’aller dans ce sens, un état de belligérance larvée, émaillé de provocations du Nord qui s’expriment quand la flotte US fait ses manoeuvres navales annuelles avec le Sud. Aujourd’hui, la tension internationale est plus explosive que jamais et une diplomatie de paix est plus que nécessaire entre les intérêts géostratégiques et économiques qui s’affrontent au détriment du peuple coréen. Si lui veut la paix et l’unité, aucun de ses voisins ne souhaite vraiment renoncer aux avantages qu’il tire des rapports de force bien installés au mépris des populations et de la Charte des Nations-Unies.

Tous les observateurs s’accordent à reconnaître que, si personne n’a intérêt à la paix, personne n’a intérêt à ce jeu malsain de provocations et de menaces mutuelles auquel se livrent les deux Etats coréens chaque fois que les Etats- Unis se renforcent et manoeuvrent alentours. Aussi, personne ne croit guère au risque d’escalade. Sauf que Kim Jong Un est imprévisible et qu’il est temps, de part et d’autre, de cesser de jouer avec des allumettes. C’est aux diplomaties de s’attaquer à la recherche opiniâtre d’une paix durable entre les deux Etats séparés.

Je remercie M. Stephen CHO et son équipe de l’Institut de Recherches Coréennes du 21e siècle pour son invitation, en ma qualité de membre de l’Ordre de l’Amitié de la République Socialiste du Viêt Nam, avec mes amis, l’historienne Nguyen Dac Nhu Mai et le psychiatre Luong Can Liêm, à nous mobiliser autour de l’Alliance Coréenne pour la réunification indépendante et la démocratie.

Il me faut donc tenter prudemment un parallèle entre le chemin suivi vers la réunification et la réintégration totale du Viêt Nam dans le jeu des Institutions internationales et “Coréa is one”, le cap que l’ONU a perdu depuis les Accords d’Armisitice de 1953. La question est : Est-il possible de remplacer un état de guerre par un processus d’établissement de paix en Corée en prenant comme modèle l’Accord signé à Paris, en 1973 –quarante ans déjà ! – entre le Vietnam et les Etats-Unis ?

Puisqu’on nous invite à tirer des leçons de l’Histoire, les remarques qui vont suivre relèvent de la simple observation lucide des faits :

1. Un premier rapprochement tient à l’emploi des armes de destruction massive dans les conflits contemporains où sont engagés les Etats-Unis d’Amérique. N’est-ce pas la puissance de leur complexe militaro-industriel qui entraine le monde dans l’escalade de l’horreur et leurs adversaires à chercher les mêmes moyens de riposte ? Il est juste de souligner que c’est le seul pays à avoir jusqu’ici usé de l’arme atomique contre des civils et que les effroyables conséquences aujourd’hui des épandages par leurs B52 de l’Agent Orange/dioxine sur le Viêt Nam restent le témoin de la première guerre chimique de l’Histoire, d’une telle envergure, menaçant l’humanité : Le qualificatif “d’Etat voyou” s’applique-t-il mieux à ceux qui agitent la menace ou à ceux qui utilisent les armes prohibées ?

2. Le rétablissement du Viêt Nam dans le concert des Nations et son développement pacifique témoignent assez de la dangereuse inutilité des engagements militaires au nom de l’ingérence humanitaire ou d’accords de défense bilatéraux : le retrait de toute implantation militaire des Etats-Unis au Sud Viêt Nam était une condition nécessaire au rétablissement de la paix puisqu’ils y conduisaient depuis des années, comme s’ils étaient les « gendarmes du monde », des opérations meurtrières et dévastatrices, sans guerre déclarée. Cette constatation pose, au regard du Droit International, la question parallèle de la légitimité des bases militaires américaines plus que présentes en Corée du Sud : pourquoi héberge-t-elle aujourd’hui une garnison d’au moins six bases, surarmées, et se prête, au large de ses côtes, à des manœuvres navales conjointes que la Charte des Nations-Unies ne saurait autoriser ? Ce serait bien à l’ONU de faire respecter sa propre loi.

3. L’Organisation internationale, sous le contrôle du Conseil de Sécurité, ne devrait-elle pas aussi mettre fin à l’embargo sur la Corée du Nord, au lieu de le renforcer à chaque crise ? Le décollage économique et l’amélioration des conditions de vie au Viêt Nam n’a commencé à se manifester qu’à l’arrêt de l’embargo quasi total imposé par les américains jusqu’en 1992. Car les embargos ne sont rien moins que la poursuite de la guerre par d’autres moyens : ils martyrisent les peuples et font grandir les haines, dont le Dr Liêm a bien expliqué les ressorts et l’engrenage infernal.

4. Après le retrait de l’Amérique et de ses alliés, la diplomatie déployée à Paris s’est révélée bien insuffisante pour le Viêt Nam : Elle n’avait pas mis fin à la guerre, ni réouvert la voie à la réunification pacifique promise depuis les Accords de Genève de 1954. Au lieu d’élections libres, laissant au peuple vietnamien le droit de disposer de lui-même, la “guerre froide” des intérêts occidentaux y a laissé s’installer une partition de fait de l’intégrité territoriale et une guerre civile de 2 ans d’une violence extrême. Quelle serait aujourd’hui la physionomie de ce pays si, les américains retirés du jeu, l’armée du Nord n’avait pas eu le dessus et, changé la donne ? La réunification politique de 1976 n’a pas résulté d’un processus démocratique mais ne s’est gagnée qu’au prix de nouvelles souffrances pour tout le peuple du Viêt Nam. Un Accord de retrait de Forces étrangères doit contenir impérativement des mesures de transition et de reconstruction territoriale applicables sous le contrôle d’une Commission neutre de supervision.

5. Sur la partition illégitime des Etats, ne doit-on pas condamner fermement, à la lumière de l’expérience vietnamienne, une “certaine diplomatie” des grandes puissances ayant trouvé commode, sinon naturel, de couper les peuples en deux pour mieux les maîtriser ? Les deux Allemagnes ont fini par abattre le mur qui les séparait. Israël ne trouve de réponse à la question palestinienne qu’en élevant un mur entre les communautés. Même la petite île de Chypre, partagée entre Grèce et Turquie, ne s’est développée qu’en paradis fiscal ! Les coréens aspirent à se retrouver mais voilà 60 ans que les destins de ceux du nord et du sud s’écartent dangereusement. Ne faut-il pas tirer comme leçons de la Commémoration des Accords de Paris que toute partition d’un territoire, durablement tolérée, ne peut qu’engendrer le malheur du peuple qu’elle divise et arme contre lui-même ? Qu’aucune ingérence étrangère dans un pays souverain ne saurait conduire à la Paix ?

Seule la DIPLOMATIE, entre peuples civilisés, est capable de gérer les différends et d’aboutir au règlement pacifique des conflits. Les pays neutres devraient entretenir des relations diplomatiques avec les deux Corées.

1. Il faut cesser de diaboliser les uns pour parer les autres d’une fausse légitimité. L’opinion a droit à une information objective et doit rester méfiante à l’égard des positions primaires qui colportent les idées fausses et font des amalgames hâtifs avec les pires protagonistes de la 2e guerre mondiale. On oppose la dictature du Nord au libéralisme du Sud mais on ne parle jamais des acquis sociaux de l’une ni de la Loi de sécurité nationale de l’autre, brutale, arbitraire et encore en vigueur.

2. La France, forte d’une haute pratique de la Diplomatie, doit jouer ce rôle pacificateur entre les nations en conflits. Cessant de réduire son ambition à une logique comptable, notre pays doit rompre avec un système qui conduit à la désintégration économique et à la guerre. Il doit cesser d’être à la remorque des marchands d’armes et de la puissance financière concentrée à Wall Street et à la City de Londres, qui le précipitent dans des expéditions militaires qui frappent les populations sans projet concerté d’aide au développement.

Pour construire, comme le Traité de Westphalie, une Paix mondiale sur l’avantage d’autrui, “il faut simplement, selon un spécialiste de Droit international, revenir à identifier le différend qui avait servi de prétexte à l’intervention de l’ONU ( il y a 60 ans), voir dans quelle mesure il est encore actuel, les solutions qu’il doit recevoir et définir les moyens d’y donner une fin pacifique” .

Au débat de la 67e session de l’Assemblée générale de l’ONU, en 2012, Pham Quang Vinh, vice-ministre des Affaires étrangères, chef de la mission du Viet Nam, a réaffirmé que “Le Vietnam veille à la mise en oeuvre et à la valorisation du droit international, au respect des principes fondamentaux du droit international et de la Charte de l’ONU, particulièrement au principe de règlement pacifique des différends et de non recours à la force, au respect de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégralité territoriale des nations”. On ne peut mieux dire !
Bien que le président OBAMA affecte d’écarter toute solution diplomatique, certaines sources font état de pourparlers entre la Chine et les Etats-Unis d’Amérique pour apaiser la crise. Ces derniers seront évidemment partenaires décisifs d’Accords de paix tendant à réduire les tensions mais les Nations-Unies doivent prendre les peuples divisés sous leur protection et les conduire pas à pas à une paix durable et à une réunification par étapes.

Au bord du précipice, il nous faut mobiliser l’opinion :
« Les seules causes perdues sont celles pour lesquelles on n’a pas eu le courage de s’engager ! »
Pour conclure :

Après avoir entendu Maître Roland WEYL et le Professeur Robert CHARVIN s’exprimer en parfaits connaisseurs du Droit International et avoir tenté de tirer quelques leçons de l’Histoire, il est clair que la paix mondiale passe par les chemins d’une cessation des hostilités bilatérales en Corée.

Pourquoi et comment ?

 • Pourquoi ? Parce que ce foyer de belligérance larvée viole la Charte des Nations Unies :

1. Depuis des décennies, le surarmement et “les provocations“ de la Corée du Nord sont la réplique inévitable de ce petit pays aux menées militaires annuelles que les Etats-Unis et leurs alliés déploient dans la région pour faire face à la Chine et à la Russie. De telles opérations sont interdites par le Droit international.

2. L’actualité d’hier confirme la volonté d’apaisement de Pyongyang qui demande d’aller à la table des négociations en vue que cessent la présence illégale des forces américaines et l’embargo économique qui s’oppose à son développement et entretient l’animosité. Seul le Conseil de Sécurité peut imposer la cessation des hostilités et le retrait des Etats-Unis sous contrôle d’une force d’interposition qui assure la protection et la sécurité de la péninsule.

• Comment ? On ne saurait compter sur les bonnes grâces des Etats-Unis ni sur une initiative spontanée de l’Organisation des Nations-Unies. Il n’y a, à nos yeux, que deux voies pour espérer changer la donne :

1. Que la conscience des peuples agisse sur les Etats représentés à l’ONU et au Conseil de Sécurité pour cesser de faire croire que la paix est entre les mains d’un seul “gendarme du monde” : Chaque Etat doit ramener et contenir sa force militaire à l’intérieur de ses frontières. Les médias ont le devoir d’informer justement et d’éclairer les consciences. Chacun de nous doit mobiliser l’opinion.

2. Que la diplomatie soit agissante et respectueuse de la Charte des Nations-Unies. Que la France, en toute indépendance, ouvre la voie du dialogue diplomatique avec les deux Corées en accueillant une Représentation du Nord comme du Sud. Chacun de nous est en droit de le demander au Gouvernement.

– Prise de conscience collective, 
– Pression d’une opinion bien informée (nous voulons ici en être les fers de lance), 
– Action diplomatique sans exclusive, 
– Conformité des décisions du Conseil de Sécurité à la Charte des Nations Unies

Là où il y a une volonté, tout est encore possible avant de basculer dans le chaos ! 

Louis Reymondon (Président de ViêtnAmitié)
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