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Les Perspectives d’un Plan de Paix en Corée, Garantie de Stabilité dans la Péninsule ?

Les Perspectives d’un Plan de Paix en Corée, Garantie de Stabilité dans la Péninsule ?
Dans l’escalade des tensions qui a suivi la mise sur orbite – réussie – du satellite nord-coréen Kwangmyongsong-3 le 12 décembre 2012 (nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) renforçant les sanctions contre la Corée du Nord, puis troisième essai nucléaire nord-coréen le 12 février 2013 suivi d’une énième résolution du CSNU, enfin manœuvres militaires conjointes américano – sud-coréennes Key Resolve et Foal Eagle, sur deux mois, mars-avril 2013), la presse occidentale a mis l’accent sur, selon elle, les « provocations nord-coréennes ».

De fait, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé que l’accord d’armistice de 1953 était rompu, et que toute attaque contre elle se traduirait par une riposte immédiate et une « guerre sacrée » pour la réunification de la Corée. Mais ces propos ont des précédents, et n’ont pas conduit à un conflit généralisé. Mieux, les sites Internet nord-coréens se situent clairement dans une logique défensive, de riposte à l’hypothèse d’une attaque américaine, et rien ne semble indiquer l’existence d’un plan préétabli nord-coréen.

Mais derrière les mots et l’escalade verbale, la puissance militaire américaine, qui concentre ses forces sur la région Asie-Pacifique pour, en réalité, contrecarrer la montée en puissance de l’armée chinoise, dispose d’une supériorité de 1 à 100 sur la RPDC en termes de budget militaire. En réalité, comme l’a révélé le Wall Street Journal dans son édition du 3 avril 2013, la réponse musclée américaine, apportée cette année dans le cadre des traditionnelles manœuvres conjointes de printemps, répondait à un plan prédéterminé d’escalade des tensions, Playbook, ainsi décrit par le Wall Street Journal, au moment où les Etats-Unis ont à nouveau parlé de dialogue : 

Les Etats-Unis marquent une pause dans ce que plusieurs officiels ont décrit comme un plan graduel approuvé par l’administration Obama en début d’année, baptisé “Playbook”, qui a conçu les séquences et le plan de communication pour les démonstrations de force américaines au cours des exercices de guerre annuels avec la Corée du Sud. “Playbook” comporte des vols, hautement médiatisés ces dernières semaines, à proximité de la Corée du Nord des bombardiers nucléaires B-52 et furtifs B-2, ainsi que des avions militaires sophistiqués F-22. 
Cette semaine, les Etats-Unis ont reculé par rapport à leurs plans initiaux, alors que des officiels américains ont commencé à s’inquiéter que la Corée du Nord, qui dispose d’un petit arsenal nucléaire et d’un nouveau dirigeant imprévisible, pourrait être encore davantage provoquée que ne le souhaitaient les Américains, selon ces officiels (…)

La Maison Blanche a suspendu les étapes suivantes de “Playbook” quand elle a évalué la réaction du Nord, selon ces officiels, bien que l’administration n’ait pas exclu de futures démonstrations de force. Mardi, l’attaché de presse du Pentagone George Little a déclaré que les Etats-Unis voulaient faire baisser la “température” sur la péninsule. 

Mercredi [3 avril 2013], le secrétaire à la Défense Chuck Hagel – un des principaux soutiens de “Playbook” – a déclaré publiquement que les Etats-Unis et les autres puissances de la région ne voulaient pas aggraver encore une “situation compliquée, explosive”. Il a appelé la Corée du Nord à adoucir son langage, dressant la perspective d’un “chemin vers la paix”.

S’il n’y avait pas de plan nord-coréen, il existait donc bien un plan américain d’escalade des tensions, qui comportait un volet de communication dont les éléments de langage ont été abondamment repris par la presse américaine et occidentale.

Mais a-t-on vraiment avancé sur le chemin de la paix ? Peut-on croire que la Corée du Nord, qui a développé une stratégie de dissuasion nucléaire du faible au fort (très proche de la doctrine française gaullienne de dissuasion nucléaire) renoncera à présent à l’arme nucléaire ?

Tel est pourtant le pari d’une initiative en faveur de la paix, conduite dans le cadre d’une campagne internationale de pétition menée par l’organisation civique sud-coréenne Solidarité pour la paix et la réunification de la Corée (Solidarity for Peace and Reunification of Korea, SPARK). Cette campagne a réuni plus de 40.000 signatures, dont plus de 220 en France par l’AAFC.

Son principe d’une telle pétition en faveur d’un accord de paix est simple : le 27 juillet 1953, après trois ans et plusieurs millions de morts, les combats de la Guerre de Corée prirent fin avec la conclusion d’un simple accord d’armistice. Aucun traité de paix n’a été signé depuis, et la péninsule coréenne est donc « techniquement » en état de guerre depuis 1953. Le résultat en a été des affrontements sporadiques entre les deux Corée, tout particulièrement dans les zones donnant lieu à des conflits de souveraineté, comme la ligne de démarcation nord (Northern Limitary Line), définie unilatéralement par l’armée américaine après la fin des combats en 1953, et jamais reconnue par la RPD de Corée. Le dernier en date a eu lieu autour de l’île Yeonpyeong, en novembre 2010, causant plusieurs morts, y compris civils.

La pétition comprend un ensemble de dispositions en vue d’un règlement global de la question coréenne, le principe de base étant qu’un traité de paix est indissociable d’une dénucléarisation de la péninsule, du retrait des 28.000 soldats américains toujours stationnés au Sud et de garanties de sécurité apportées à la Corée du Nord, laquelle a plaidé à plusieurs reprises pour une reprise du dialogue en vue d’une solution négociée, dont la pierre angulaire serait un traité de paix. Le 60ème anniversaire de la fin des combats en Corée pourrait être l’occasion de faire avancer une telle perspective, alors que la mise en place de nouvelles directions, dans les deux Corée, au Japon, en Chine, mais aussi aux Etats-Unis avec la seconde administration Obama, est de nature à rabattre les cartes diplomatiques. Jusqu’ici, ces espoirs ont été déçus, mais le fait est que, malgré des attaques Internet dont s’accusent mutuellement les deux parties, il n’y pas eu de guerre autre que cybernétique, et même des affrontements localisés ne se sont pas produits.

Toutefois, un accord de paix n’est viable que s’il traduit une volonté de l’ensemble des parties, et la restauration d’un climat de confiance aujourd’hui altéré par ce qui a été perçu, de part et d’autre, comme un dialogue qui n’était pas sincère. Les pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne – impliquant les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon – ont offert un cadre d’échanges et de dialogue, mais celui-ci est aujourd’hui au point mort et d’autres modalités de dialogue doivent certainement être envisagées. Ne pourrait-on pas s’inspirer des précédents qu’ont constitués les Conférences pour la paix et la sécurité en Europe (CSCE), ayant conduit à la création de l’Organisation pour la paix et la sécurité en Europe ? Des thèmes précis étaient inscrits à l’ordre du jour – comme le désarmement, ou (un thème remis à la mode avec la peur d’une attaque balistique nord-coréenne) les cibles des missiles des différentes parties. Il est certainement possible d’avancer sur des solutions partielles, le dialogue étant déjà un processus de nature à prévenir que les tensions ne débouchent sur des risque de dérapages, dans un schéma d’actions et de contre-réactions qui conduirait à un conflit entre deux puissances nucléaires (les Etats-Unis et la Corée du Nord) potentiellement dévastateur. Mais cela suppose également que les Etats-Unis acceptent un désarmement partiel, négocié, non seulement avec la RPDC mais aussi la Chine, perçue de plus en plus comme un rival stratégique.

Faire preuve d’imagination – y compris pour les diplomaties européennes, aujourd’hui marginalisées – est une exigence d’actualité, pour garantir la paix et la prospérité en Corée, dans l’une des zones les plus militarisées au monde.

Benoît Quennedey
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